Etna Moganazzi 2022
Tenuta delle Terre Nere

« Assurément une des plus bouleversantes dégustation de ce printemps 2025 ! Avec des blancs totalement bluffants qui empruntent, par leur style, un peu de ce qu’on aime dans les blancs de Bourgogne, avec une minéralité divine ! En rouge, on est dans de savant mélange de grands nebbiolos de Barolo et de pinots subtils de Côte de Nuits ! Les parcellaires et vignes pré-phylloxériques sont de vraies expériences de vie ! » Chers membres passionnés, avec ces journées de printemps qui s’éternisent et cette lumière si généreuse, l’équipe ne rêve que d’ailleurs… Une belle occasion de s’évader en méditerranée pour évoquer la grandeur des vins de l’Etna qui trouvent à la Cantina Terre Nere, une de ses plus belles expressions ! J’ai eu la chance dans ma carrière de sommelier de me rendre sur place et de rencontrer Marco de Grazia, l’homme de l’Etna qui a participé à la dynamique de ce vignoble, reconnu désormais comme un des Eldorado italien ! Son vignoble, situé entre 600 et 800 mètres d’altitude sur les flancs de l'Etna, est un condensé de minéralité, battu par les vents, baigné de lumière et riche de vignes centenaires… En me rendant sur place, j’ai compris pourquoi tant de passionnés regardent aujourd’hui vers la Sicile comme on regardait autrefois vers la Côte de Nuits. Marco, pour bien des sommeliers, est un poète du nerello mascalese. Un conteur érudit, obsédé par l’équilibre, par la juste maturité, par la finesse. Ses sélections parcellaires — Calderara Sottana, Moganazzi, Dagala di Bocca d’Orzo, ou encore la légendaire Vigna Don Peppino préphylloxérique — sont à l’Etna ce que les climats de Vosne-Romanée sont à la Bourgogne : des variations subtiles sur un même thème, tendues vers l’émotion pure. Certains d’entre vous ont pu déguster dans leur coffret Esthète, le millésime 2021 de Calderara Sottana, une version Chambolle sur cendres noires de ce cépage si particulier… D’autres l’ont dégusté au LAB de printemps, avec selon les retours, de grands frissons. Plongez vite dans le j’achète, pour découvrir ces trésors !

Ce j’achète est on ne peut plus frais, puisque mes notes ont moins de 8 jours… Jeudi dernier, Florian, Anna, Arthur, Paul, Valentin… toute la team sourcing de Chais d’œuvre s’est pris une petite claque en découvrant la gamme exceptionnelle du domaine qui, en blanc comme en rouge, place le curseur très haut dans l’émotion sur les derniers millésimes ! Commençons par les rouges et saluons déjà le niveau excellent de la petite cuvée en rouge du domaine : un relief de fruits à noyau, écorché de quelques agrumes et de fleurs ; une bouche à la fois séveuse, acidulée et mur, qui rappelle par sa finale, quelques Langhe Nebbiolo ! Un très bon kick-off ! Derrière, on a pris le TGV… Moganazzi est une des premières cuvées qui hausse le ton, affichant sur 2022, un contraste saisissant entre maturité et fraîcheur. J’ai adoré son habit de cerises macérées, son côté cendré minéral qui étire les fleurs et les notes d’encens du bouquet… Calderara Sottana 2021 était identique à mes notes : un Chambolle sur cendres noires… C’est le cœur névralgique du domaine, là où tout à commencé. Le 2021 est prêt à boire, d’une finesse inouïe ; le 2022 est par sa finale et son touché, le plus Bourguignon des vins que nous avons dégustés. Ses tanins de velours parleront aux palais les plus exigeants ! Parlons aussi de Dagala… Vignoble enclavé, sauvé miraculeusement d’une coulée de l’éruption de 1981… Minuscule parcelle, sur socle de sable volcanique, c’est le « Rayas » de la gamme, un vin touchant par son tactil évanescent, ses parfums de fleurs, de poudre de baies acidulées, d’agrumes… Avec toujours, ce souffle, cette longueur qui nous a tous subjugués ! Les pré-phylloxériques derrière sont de vraies expériences de vie… Matière différente, trame hors de ce monde… C’est du jamais bu… J’ai noté dans le 21 un relief saillant et une persistance de dingue ; de l’étoffe dans le 22, parti pour 20 ans dans une belle cave ; quant au 2020, il joue plus la carte Piémontaise, dans son relief de tanins, sa trame… À l’aveugle, certains hésiteraient avec un grand Barolo de la Morra… Bref, une gamme de rouge flamboyante, qui mérite l’attention de tous les passionnés ! En blanc, c’est le terrain de jeu du carricante… Cépage qui pompe toutes les lectures du sol. L’Etna blanc 2023 est d’un bon niveau, qui affiche tous les arguments du cépage : pointe fumée, presque iodée, associé à quelques notes lactiques et agrumées. Pensez-y sur un carpaccio de poulpe, lors des beaux jours, c’est un voyage en first pour l’Etna !
On est plus Bourguignon dans Santo Spirito, vin léché, appuyé d’une fine patine d’élevage, et cette enveloppe charnelle qui chardonne un peu. Mais l’esprit fumé et la fraîcheur viennent d’ailleurs, et on retrouve en finale, cette griffe des lieux ! Mon plus gros coup de cœur vient avec Calderara Sottana qui, sur 2023, est digne d’un premier cru de Chassagne, genre Caillerets… Un bloc de sel en cœur de bouche rend l’équation fascinante… De la texture, de l’extrait sec, du volume, et une persistance à la hauteur de l’émotion : une folie qui nous a laissé sans voix !