Chassagne-Montrachet 1er Cru Les Caillerets 2020
Domaine Fontaine-Gagnard

Des prix « raisonnables », une famille adorable, et assurément, une des adresses les plus fiables de Chassagne... A l’heure où la Bourgogne s’enflamme et où les prix d’une pièce de blanc en Côte d’or ont presque doublés avec la terrible vendange 2021, on ne peut que prier pour qu’une majorité de domaines gardent la tête sur les épaules... Sur Chassagne, une de mes adresses préférées depuis 5 ans, tant pour le style des vins, que par leur définition où leur politique de prix, c’est Fontaine Gagnard. A chaque visite, c’est Céline qui nous reçoit avec une gentillesse absolue, et qui n’hésite pas à tout ouvrir, du simple village au Montrachet pour que l’on puisse mesurer les nuances entre chaque cru, chaque cuvée... un moment assez dingue à chaque fois ! Des 2020, que nous venons à peine de recevoir, nous retiendrons deux choses : c’est un millésime précoce certes, chaud certes, mais très équilibré en blanc. Les rendements furent un peu plus hauts que sur les très savoureux et concentrés 2019, ce qui a détendu un peu les matières. Mais les signatures sont belles, les instances minérales bien définies, et les élevages parfaitement intégrés ! En rouge, c’est du jamais vu en Bourgogne : des pinots de contrastes, assez mûrs et très frais en sensations en même temps. Certains pinots ont des couleurs assez soutenues, comme on en avait rarement vu avant.. Quelques domaines disent que ce sera supérieur aux 2019, ce que j’ai du mal à imaginer, mais une chose est sûre, les rouges de Céline Fontaine détonnent et claquent le fruit... Plongez-vous dans le j’achète pour découvrir la gamme !

Bon, au rayon métronome de plaisir, et prix « imbattable » par rapport aux sensations, le Chassagne blanc frappe fort... Un poil de gras, de l’éclat crayeux, une fine patine d’élevage, une belle allonge, il a tout pour lui... Même si vous l’ouvrez très jeune, c’est un flacon qui mettra tout le monde d’accord. Parmi les premiers crus, voici l’ordre dans lequel je conseille de les découvrir, du plus avenant et charnel, au plus complexe et minéral : Clos des Murées est le premier cru de charme, je le trouve consistant, bien construit, complet... Il est digne de son rang de 1er cru par son allonge. Les Vergers joue une carte plus subtile, il est plus floral, en demi corps, avec une trame un peu plus sculptée. C’est le premier cru des mets fins, des accords en délicatesse, telle qu’une nage de coquillage finement crémée, herbes fraîches... Vous y êtes ? Dans le Maltroie, le ton monte en termes de griffe et de signature de Chassagne, beaucoup plus de sensations minérales, avec un meilleur grip sur la langue, ça sent le cailloux, tout en conservant de l’étoffe ! Avec ceux de Bruno Colin, c’est un de mes favoris sur ce 1er cru ! La seconde catégorie de premiers crus, que je trouve encore plus dingue, est très centrée sur la partie sud du village : Boudriottes affiche une puissance accrue par rapport au Maltroie, mais garde une forme de gourmandise tout de même. La Romanée le dépasse en persistance, on entre dans la catégorie des « super premiers crus », qui au moment de la gamme, sonne la fin de la récréation.... Le boss en persistance, c’est lui, juste avant les grands crus. Mention spéciale pour mon « chouchou » de la gamme, le Caillerets que je trouve tellement vibrant... C’est plus cérébral comme vin, plus difficile à saisir comme le serait par exemple, un Preuses sur Chablis, mais ça transpire la craie des crus du milieu de coteau, la minéralité est transperçante et le spectre lumineux... J’adore ! Dans les grands crus, la magie est forcément au rendez-vous, on en attend pas moins. Le Criots Batard reste le plus accessible en dégustation, avec une puissance fabuleuse et une allonge interminable. Le Bâtard-Montrachet est un rouleau compresseur, très dense, très large, il pousse dans tous les sens... C’est très impressionnant comme flacon... On soulignera son prix, pas trop délirant pour un Bâtard, les voisins les vendent souvent 50% plus cher... Enfin, il y a le Montrachet qui trône au sommet de la gamme... Là, on ajoute la classe et la finesse, à la puissance du Bâtard, on étire l’allonge... Rien ne lui arrive à la cheville si on met en relief tous les paramètres qui forment un grand vin. Retour sur terre au moment du Chassagne rouge, très joyeux et gourmand : ca sent le noyau, les fleurs. Ça claque dans un univers de petits fruits printaniers... Un beau pinot à prix angélique !