Vosne-Romanée Aux Réas 2022
Domaine Thibault Liger-Belair

« Une année 2022 qui marchera sur les traces des 2019 ou 2020… Les vins du domaine sont immenses, pleins, nourris d’un fruité succulent, et ne portent aucun stigmate de l’été de cette vendange précoce et solaire ! Encore une fois, Thibault Liger-Belair frappe fort, avec des Chambolle, Nuits et Gevrey de très haut niveau ! Quant aux grands crus, ils sont au-dessus des nuages ! Un seul conseil, mettez tout ce que vous pouvez de ce millésime en cave, car ce ne sera pas la même chanson dans les 2023 ou 2024 ! »
Chers membres passionnés, nous voilà donc en 2025 et en ce début d’année, toute l’équipe regarde devant en listant ce qui marquera cette 13ème année de Chais d’œuvre. Un nouveau site qui va trouver au fur et à mesure de nouvelles fonctionnalités, de nouvelles masterclass (certaines débutent en janvier) et nous l’espérons, de nombreuses soirées en terrasse avec de grands vignerons ! Au pôle sourcing, Anna, Paul, Arthur et moi-même allons éplucher les premiers 2023, millésime qui s’annonce hétérogène dans l’hexagone, et trier pour vous ce qui s'impose comme la crème du millésime. Nous nous pencherons aussi sur le millésime 2024, si peu productif voire désastreux dans certaines appellations (je pense à Chablis ou Sancerre), qui fera un trou béant dans l’offre des grands vins l’année prochaine. Bref, une année qui s’annonce riche en dégustation, et pour laquelle nous mettrons les bouchées doubles pour mieux vous satisfaire ! En attendant, nous débutons ce planning avec les derniers 2022 de Bourgogne, et les cuvées très savoureuses de Thibault Liger-Belair que nous attendions avec impatience. Je sais d’ores et déjà que les membres qui étaient présents à notre soirée « rencontre avec Thibault Liger-Belair » ne lisent même plus ces quelques lignes, et se précipitent sur leurs cuvées favorites. Pour les autres, il faut plonger dans le j’achète pour saisir les nuances et le crescendo sublime de la gamme !

Impossible de débuter la présentation des vins du domaine sans évoquer l’Aligoté du « Clos des Perrières », que certains d’entre vous ont pu déguster lors de la masterclass en ligne “La Bourgogne face à ses enjeux climatiques” ou à l’apéro de cette soirée de janvier 2023. Cette merveille qui naît sur une dalle calcaire de la combe de Nuits est l’illustration parfaite du potentiel de l’aligoté quand il est bridé en rendements et planté sur de beaux terroirs. Dans le verre, c’est la minéralité qui donne le ton, avec un relief sapide, salin, des fleurs blanches et les fruits de vergers. J’ajouterai que c’est un aligoté qui affiche une vraie dimension tactile et une superbe allonge, et non les aromatiques simples du cépage… 2022 est l’héritier des 2020 à mon sens : superbe, ample à souhait, sapide et complet ! Je suis toujours saisi par la minéralité que pompe l’aligoté sur ce terroir. En rouge, le rapport prix-plaisir qui met tout le monde d’accord à chaque millésime est le “Grands Chaillots”, un Bourgogne qui naît dans les bas de Nuits et de Chambolle, avec pas mal de vignes d'âge vénérable. Thibault y met en moyenne 20% de vendange entière qui floralise et booste l’allonge de ce pinot addictif, très délicat et parfumé. Pour comprendre le mot « addictif », il faut boire en ce moment les 2019, si suaves et si complets. 2022 sont les héritiers de ce profil. Prenez des magnums, si vous voulez rendre la partition encore plus parfaite ! Dans son sillage, les amateurs de vieilles vignes ne rateront pas le Côtes de Nuits Village “Au Leurey”, vigne de 1937 qui donne à cette appellation une petite cape dans le dos ! Rappelons que les vignes se trouvent ici tout près du Clos de la Maréchale (Mugnier) et du Clos de L’Arlot. On retrouve en son cœur, la qualité d’un matériel végétal de qualité, avec un fruité concentré et un support tellurique qui fait sortir ce vin de sa catégorie ! On passera aux choses sérieuses en attaquant Nuits et les fameuses Charmottes du domaine, 64 ares de pinots de 1962 plantés au nord de Nuits, côté Vosne. Dans le verre, ce cru évoque plus la teinte aromatique de Vosne que de Nuits, mais son architecture trahit un peu ses origines. Une superbe bouteille qui mérite 3-4 ans de cave minimum mais qui frappe fort quand on lui offre du temps et un grand verre à Bourgogne. Toujours dans cette gamme de plaisir : En Créot, LE coup de cœur de l’année sur Gevrey de la gamme de Thibault. Reprise en 2020 de cette parcelle de 1,4 ha sur Brochon (partie nord de Gevrey, près de la combe) qui s'appuie sur beaucoup de calcaire avec des veines d’argiles rouges et des pinots de 70 ans. Thibault dit de ce terroir que la minéralité suffit à la structure du vin. Egrappage total pour ce vin qui est un véritable plongeon dans un panier de cerises noires épicées. On n'oubliera pas de parler des petits nouveaux de notre allocation 2022, avec l’Aloxe “La Toppe Avignon” (la Toppe signifie un lieu où la roche mère s'est effondrée), qui livre une partition gourmande et mûre d’Aloxe, avec beaucoup de souplesse dans ce millésime. La Toppe aux Vert est plus sérieuse, mais d’une grâce absolue. C’est une vigne de 1965 au pied des Grands Crus « Corton Vergennes » sur Ladoix (c’est là que Chanson fait un de ses meilleurs blancs). Le fruit s’éclaircit dans ce vin, la floralité s’installe, la longueur aussi. Normal, c’est un Premier Cru. Ceux qui ont bu chez nous les 2015 lors d’une soirée s’en rappellent encore ! Côté Chambolle, ne faites pas les fines bouches... Vieilles Vignes, Les Fouchères, c’est du super lourd. Le vieille vigne boxe chaque année au-dessus de sa catégorie à mon sens, ce n’est pas juste un Chambolle en dentelle et petites fleurs mais un vin admirable de construction.. Au dernier étage de la fusée, la déclinaison Vosne-Romanée aux Réas, Nuits-Saint-Georges Les Saints-Georges, Corton Clos du Roi et Clos Vougeot, sont des cases à cocher dans une vie de passionnés. J’ai un souvenir ému d’un 2000 sur Les Saints-Georges, niveau Grand Cru, d’un Réas 2016 version bouquet de fleurs liquide, animé de la classe des grands Vosne Romanée. Le Corton est un mouchoir de poche, 30 ares de vignes de 1950 qui produit un vin assez impérial surtout dans les grands millésimes. Le Clos Vougeot est un peu son pendant, mais au nord bien sûr. J’aime beaucoup celui du domaine car il n’a pas que les pieds dans l’argile. Il naît dans les basses Baudes, de l’autre côté du mur des Echezeaux sur un rang assez long (200 mètres). Ce dernier croise plusieurs couches géologiques et offre un Clos Vougeot distingué, très Vosne dans le fruit et la teinte, mais avec un peu de caractère du Clos Vougeot. Bref, la gamme se poursuit avec panache sur cette vendange et termine par le Richebourg d’un niveau totalement hallucinant !