Sancerre Grand Chemarin 2020
Domaine Vincent Pinard

« Quoi de neuf en 2022 chez les frères Pinard ? » Beaucoup de choses, de très belles choses mêmes ! Chers membres passionnés, écrire ces quelques lignes autour de ma visite du 4 novembre dernier à Sancerre, c’est essayer vainement de faire abstraction de l’amitié que j’ai pour Clément, Florent, Cynthia, ou Vincent et Cosette... Cette famille si adorable de Bué, cette famille si passionnante dans son œuvre de Sancerre. On pourrait penser que ces quelques lignes ne sont pas totalement objectives, mais si, elles le sont ! Ce que vous lisez est un concentré de ressenti et d'émotions lié aux vins, rien d’autre ! Nous avons commencé cette visite en saluant la vendange 2022, glorieuse à Sancerre : du volume, des états sanitaires excellents, du jus dans les baies... Comme disait Florent au début de cette dégustation : « Y’a pas beaucoup de vignerons qui vont se plaindre cette année ! ». Tant mieux ! Puis nous avons abordé les 2021, année bien plus challengeante : gel au printemps, pression de dingue en été, vendange aussi tardive que 2013... Un véritable combat de boxe pour les vignerons de l’hexagone où pour faire le meilleur, il fallait accepter de tout perdre en triant sévèrement ! Nous avons commencé par les rouges et mis des mots sur des sens autour de vins qui sortiront en mars 2023. Pas de cuvée Vendange entière sur ce millésime (trop risqué), et seulement 18 hl/ha dans cette couleur... une misère ! Mais le résultat qui s’annonce est plutôt beau car les frangins de Bué ont fait le choix d’une infusion de baies sur cette vendange. Coup de cœur comme d’hab sur Charlouise qui, sur cette vendange en demi-corps, frôle le dangereux. En blanc, je vous le dis sans filtre, j’ai adoré la trame très « années 90 » de ces Sancerre, même si certains ne sont pas encore en bouteille. Un millésime frais, mais mûr au domaine, avec peu de glycérol, des bouches fuselées, avec beaucoup de rythme... Un millésime qui « donne soif » tellement les blancs sont digestes et sapides ! Si vous connaissiez déjà Flores et Nuances (très souvent à l’affiche depuis 10 ans chez Chais d’œuvre), je préfère vous prévenir, les 2021 sont superbes, mais rares... Plongez-vous dans le j’achète pour découvrir les courbes des quelques vins que nous vous proposons aujourd’hui !

« Un coup de fusil dans un ciel de printemps »... C’est ce que j’ai marqué dans mon carnet au moment de Flores 2021, cette cuvée qui ouvre la gamme des frères Pinard et qui, depuis l’arrivée des cuves bois au domaine, a totalement changé d'envergure. Dans le verre, c’est un shoot de menthe poivrée avec un corps saillant et une allonge salivante autour de l’agrume. Il y a peu de glycérol dans ce millésime, ce qui rend le profil digeste de la cuvée encore plus addictif. Coup de cœur ! Derrière, Nuances 2021 est plus complexe et plus persistant, avec un fruité supérieur qui évoque le carambole, l’angélique confite et la menthe poivrée. On gagne en persistance de bouche sur cette cuvée où l'âge des vignes et la sélection de terroirs sont supérieurs ! Pour les autres cuvées de 2021, elles sont en fin d’élevage, donc attendons le printemps prochain pour en parler totalement, mais revenons sur quelques 2020 dégustés dans la foulée : Harmonie 2020 joue la carte de l’amplitude, du confort, du charme... On retrouve sur cette cuvée, le côté rassembleur du millésime et le côté instantané d’un vin posé en bouteille. Elle plaira au plus grand nombre ! Dans Grand Chemarin, terroir de cœur des frères Pinard, on attaque une strate géologique différente. Clément et Florent me disaient qu’en 2021, c’était la vigne qui avait le plus souffert, et qu’il y en aura peu... Alors mieux vaut sauter sur les 2020 qui sont franchement délicieux. Ici, on a le coffre, le gras sec, le sel et des airs chablisiens qui s’invitent au cœur d’un message mentholé. Un vin superbe, d’envergure, porté par la grâce minérale du lieu. S’il y avait des premiers crus à Sancerre, clairement, cette parcelle en ferait partie ! Dans le Chêne Marchand 2020, on remet l'église au milieu du village : terroir de dingue en amphithéâtre, exposition solaire, sols très particulier. Dans le verre, c’est celui qui fait lever les yeux au ciel à ceux qui le goûte car il a tout : le gras sec, le sel, l’allonge...et surtout, le magnifique potentiel de garde. En y regoûtant pour la 3ème fois en deux ans, je me suis dit que finalement, 2020 est une année précoce, mais pas si solaire que ça. En tous cas, ce Chêne Marchand est une merveille, immanquable pour les fondus de l’appellation et du domaine ! En rouge, petit flashback sur des sensations que je n’avais plus en tête : Charlouise d’abord, qui brille particulièrement aujourd’hui. Elle offre une lecture de pinot mûr mais pas solaire ou écrasé par la maturité, et garde en son cœur de bouche une minéralité affirmée. Il y a du sel en prime de notes de noyau, de cerises bien mûres. Malgré la jeunesse, on a envie de taper dans la bouteille ! Ne les manquez pas ! Retour aussi en fin de dégustation sur Vendange entière 2020 dont les messages se sont éclaircis depuis ma dernière visite. Un grand vin qui s’est minéralisé, recentré aromatiquement avec l’épice, le floral et le spectre envoûtant qu’on lui connaît. Franchement, la même quille née à Pommard ou Vosne vaudrait le double ! Petit mot pour finir sur « Narpi », la version sans soufre en rouge du domaine, pour laquelle, j’avais quelques réserves sur les millésimes précédents. Je ne suis pas un grand fan du sans soufre, mais là, c’est précis, juteux, un poil sanguin, et...je n’ai pas craché ! Voyez-y une bouteille de « recherche et développement » qui vaut le coup, mais surtout, une réflexion poussée sur le SO2 qui est au cœur des pensées de Florent et Clément. D’ailleurs, ils sont convaincus par leurs derniers essais du soufre de mine, très différent du soufre issu de la pétrochimie. Bref, le génie et le sérieux qui habitent ce domaine depuis plus de 20 ans trouvent dans ces derniers tirages, une confirmation éclatante ! C’est le MUST de Sancerre !