Domaine du Clos des Fées
Perdu dans un désert de garrigues, entouré de murets de pierres sèches, le Clos des Fées ressemble à une image de carte postale. Ici, les vignes ont été plantées à la pioche, au milieu des effleurements de roche mère, dans de petites poches d’argile pure, en zigzagant au milieu d’imposants chênes verts. Les pierres ont été sorties des vignes, une à une, à la main ou au cheval, puis patiemment et savamment empilées par des générations de vignerons, durs à la tache et peu avares de leur temps. Ses vignes aux bras torturés, les anciens du village affirment que du plus loin qu’ils se souviennent, ils les ont toujours connues vieilles. Au loin, les falaises bleues de Vingrau, presque verticales, sont là depuis bien plus longtemps, fouettées presque en permanence par la Tramontane. Au pied des Pyrénées, toute proche, la Méditerranée scintille. Si les fées, au solstice, se réunissent encore et dansent, c’est ici qu’elles le font, dans ce lieu singulier, différent, mystérieux. Au Clos des Fées, l'implantation dans ce coin délaissé de la vallée de l’Agly est avant tout l’histoire d’un coup de cœur pour une carte géologique. Vaste dépliant coloré, elle ne parle sans doute vraiment qu’aux géologues professionnels. Mais elle permet, d’un seul coup d’œil de se rendre compte de la fantastique diversité géologique de cette région du globe. On ne la retrouve guère qu’en Alsace et… à Madagascar. À ces variétés de pierres et de terres viennent s’ajouter la diversité des expositions. Des versants orientés au nord, les " bacs " ne voient en hiver le soleil que quelques heures. D’autres, plein sud, pourraient au contraire abriter des cultures tropicales s’il n’y avait pas la sécheresse, parfois terrible. En quelques kilomètres, on monte de plus de 350 mètres. Les vendanges, sur de tels terroirs, ne commenceront jamais avant le 15 octobre. Vous avez dit " méditerranéen " ? Hervé Bizeul qui fut tour à tour sommelier, restaurateur et écrivain (pionnier de la " viticulture réalité " via son célèbre blog), s’est installé avec son épouse de l'époque Claudine au cœur de la vallée de l’Agly, dans le village de Vingrau, un terroir de calcaire spectaculaire en cirque tout près du célèbre village de Tautavel. Son but à l’époque : " produire pour mieux connaître le vin et son élaboration " et bien sûr signer ses propres cuvées. La dure réalité physique de ce métier lui a valu quelques souffrances, mais il s'est accroché à son rêve malgré un manque évident de moyens et un matériel dérisoire à son commencement. Dès les premiers millésimes, le style des vins s'est détaché de celui des autres vins de la région avec une très bonne maîtrise des maturités. Les vins concentrés dans les premières années ont gagné en raffinement sans pour autant perdre de leur envergure. Nous lui devons aujourd'hui des cuvées mythiques comme La Petite Sibérie, Le Clos des Fées, aimer rêver prier se taire, 100 phrases pour éventails... Nés pour traverser le temps, elles offrent à l'évolution de superbes envolées aromatiques, une adresse incontournable en Roussillon.