Châteauneuf-du-Pape 2013
Domaine de Marcoux

« Il règne dans ces 2023 l’évanescence des 2021, mais avec un peu plus de fond. Le Châteauneuf est sublime, tout en dentelle sur la fraise au sucre, le pétale de fleurs et les épices chaudes. Dans le 2022, on est plus solaire, mais le Châteauneuf du domaine affiche une classe absolue ! Quant à la cuvée Vieilles Vignes c’est un monument de l’appellation, qui scotche par sa longueur ! » Chers Châteauneuf lovers, il y a 24h se tenait la 3ème Masterclass « Rayas & Châteauneuf » à l’atelier, un moment fantastique où je servais avec passion une bonne quinzaine de grands flacons autour de l’œuvre d’Emmanuel Reynaud, de Rayas et plus largement, des grands vins de Châteauneuf. Une occasion singulière pour les participants de comparer, de saisir le style, l’univers, l’effet millésime. C’est aussi l’occasion pour nous de servir quelques pirates dans cette série, pour démystifier un peu le sujet, faire baisser cette fièvre des grands noms, et pointer du doigt les grandes réussites actuelles de Châteauneuf ! Car oui, Rayas est unique, mais il n'y a pas que ça de grand… Parmi les pirates que j’ai servi à l’aveugle, un Marcoux 2015 a frappé fort, puisqu’à l’aveugle, face à l’un des vins d’Emmanuel Reynaud, il a mis tout le monde d’accord ! Alors forcément, en commentant les 2023, 2022, et 2021 que j’ai pu redéguster à Wine Paris 2025 avec la famille Armenier, et partager mes ressentis sur les derniers millésimes. A commencer par un coup de cœur sur le Lirac la Lorentine, délicieux rapport prix-plaisir du domaine, qui a été quelques fois sous le projecteur dans nos coffrets mensuel. Le 2022 est bien posé, pas trop riche, malgré la densité du millésime. Mais la magie opère forcément sur les Châteauneuf du domaine, avec un 2023 qui m’a rappelé les 2021, si floraux, si fins et sans tanins. Un univers de fraise, de framboise sauvage au chaudron, dans lequel on plonge quelques épices, et des pétales de fleurs. Une merveille ! Le 2022 est tout aussi intéressant malgré la puissance solaire du millésime, il reste classe, admirable de construction, un peu comme les 2015 de l’époque ! Un mot sur la cuvée Vieilles Vignes servie derrière sur 2023, et 2021… Elle fait partie des plus extraordinaires cuvées de l’appellation. On parle en effet d’une cuvée où le nom Vieilles Vignes prend un réel sens : parcellaire des Charbonnières plantée en 1900 de grenache noir essentiellement (quelques mourvèdres également), située sur le contrefort nord du plateau de la Crau ; elle est complétée de la parcelle des Esqueirons plantée en 1905, située sur le contrefort ouest du château. De cette essence de vieux grenaches, le domaine tire une des plus éblouissantes cuvées de Châteauneuf-du-Pape, un vin qui s’affranchit des lourdeurs habituelles du grenache noir et qui trouve, en sous-sol, le relief qui crée l’étincelle ! 2021 est franchement sublime à mon sens en ce moment, et 2023 sera de la même trame ! Un vin fascinant ! Et pour ceux qui voudront remonter un peu le temps, quelques vieux millésimes du domaine, avec un 2013 bluffant, un 2018 très fin (un peu comme les 2021 d’ailleurs) et un 2016 impérial de présence.

Si vous vous penchez sur ces flacons du domaine, c’est que comme nous chez Chais d’œuvre, vous pensez que Châteauneuf est aujourd’hui l’appellation qui offre les meilleurs rapports prix-complexité-potentiel de garde-plaisir… Et je le dis sans filtre, jamais l’appellation ne m’a paru aussi en forme. Pensez à Marcoux donc, mais aussi à Arthur Mayard, au Clos Saint Patrice, au Clos des Papes, à Villeneuve… Je pourrais en citer 15 de cette trempe, qui méritent d’être sous les projecteurs en ce moment ! Pour le mode d’emploi de ces Marcoux, misez sur le châteauneuf classique en jeunesse, il est déjà bon, mais tiendra ses promesses sur 7-8 ans sans forcer. La Vieilles Vignes appelle forcément un peu plus de patience. Regardez-le mûrir doucement en cave, sachant que chaque jour passé est un pas de plus vers le paradis !