Bourgogne Côte d'Or Pinot Noir 2022
Domaine Amiot-Servelle

« Une ébouriffante évolution stylistique qui tend vers des vins plus infusés et des trames de velours… La toute nouvelle cave du domaine est un “game changer” et propulse le domaine dans mon top 3 de Chambolle !» Chers membres passionnés, 8 jours séparent ces quelques lignes d’une visite chez Prune et Antoine Amiot Servelle, ce micro domaine de Chambolle que je suis avec passion depuis 5 millésimes ! À cette occasion, j’ai pu déjà découvrir l’écrin, dans lequel les 2022 et 2023 ont été vinifiés : un magnifique chais écologique, pensé par le cabinet d’architecture de la fille d’Anne Claude Leflaive (une adresse bien connue soit dit en passant, qui a refait récemment les chais de Dujac ou Armand Rousseau…). Grâce à ce nouvel outil, spacieux et remarquablement intégré au paysage de Chambolle, Prune et Antoine ont vu leur vie changer… Fini les aller-retours dans le village, les déplacements des fûts d’une cave à l’autre qui avaient tendance à fragiliser les vins. Place au confort, à des processus de vinifications plus délicats, qui ont littéralement métamorphosé le style du domaine. Louise et moi avons eu la chance de redécouvrir la gamme, et avons pris une énorme décharge émotionnelle autour des 1er crus de Chambolle, que Prune et Antoine alignent avec fierté ! Plongez dans le j’achète pour découvrir les 2022, premier millésime vinifié dans ce nouvel écrin !

Avant de parler des cuvées, parlons style : le domaine nous avait habitués à des pinots assez denses, pulpeux, appuyés parfois par quelques boisés prononcés… Or, depuis 2022, on sent que les extractions sont beaucoup plus légères, les vins plus floraux, rubis, doués d’une finesse de traits que les millésimes précédents n'affichent pas. Côté élevage, j’ai noté aussi un gain de précision très net dans les vins, y compris dans les grands crus qui portaient parfois, un poil trop de fût à mon sens. Dans la gamme, le Bourgogne rouge vous fera partir sur les chapeaux de roue. Il naît
dans les bas de Chambolle, sur les lieux-dits Plan de Gilbert, Pelson et les Rues ; l'âge des vignes oscille entre 18 et 40 ans. On retrouve dès le Bourgogne, la finesse de grain des vins de ce secteur. Vous croquerez dans un panier de cerises acidulées, avec un fruit juteux, et une finale aérienne boostée en sensation par ce beau millésime. Le Chambolle village rassemble des vieilles vignes et fait passer en vitesse lumière ! Prune et Antoine affichaient une certaine malice au moment de sa dégustation, en évoquant leur papa qui, pendant la vinification, leur disait : « Vous avez bien pensé à piger ? » Ce à quoi ils répondaient : « Oui oui… » sans avoir rien fait… à part un petit remontage. Dans le verre, vous retrouverez un Chambolle délicat, complet, qui accueille un peu de floralité en prime d’un fruit pur et vibrant. Dans les 1er crus, je vous l’ai déjà dit dans quelques lignes autour du domaine, la série est passionnante. L’ouverture se fait dans les Bas-Doix, situés en contrebas des Hauts-Doix et Amoureuses. Le domaine possède 1 ha de cette merveille, qui propose une suavité de texture addictive. La plus grosse progression des 1er crus est assurément « Les Plantes » que j’ai adoré dans son profil. Prune et Antoine nous le livrent avec plus de floralité que dans le passé (30% de grappe entière) et une trame encore plus délicate que les Hauts-Doix. Énorme progression ici, qui se confirme dans les 2023 ! Derrière s’impose un de mes favoris de la gamme, Les Charmes, qui affiche en prime d’un bel élevage, ce support salivant, sapide, lié au terroir. Une note ferrugineuse anime le nez de ce vin, en prime des notes de la veine calcaire sur laquelle il s’appuie. Ici, le sel et les messages telluriques se concentrent, on tire plus de salive avec une longueur sublime ! Nouvelle donne également depuis 2 ans pour Les Borniques : terroir à fleur de roche qui jouxte le Musigny, ce vin était vinifié jusqu’alors très différemment avec pas mal de grappe entière en fût ouvert, mais la recette a changé récemment (vinification en toute petite cuve), ce qui le rend plus fin et plus délicat au touché, avec un rendu aromatique moins boisé. Du coup, sa puissance épicée s’estompe, on est plus gracieux, plus fin, tout en affichant une race de terroir évidente ! Il se fait tout de même doubler par la droite par Derrière la Grange, superbe vigne qui épouse la nouvelle cave le long de la route des grands crus. J’ai marqué « magique » sur mon carnet pour ce vin envoûtant, plus complexe que les autres dégustés juste avant. Il méritera 5-6 ans de cave, mais diable que c’est grand ! Deux mots enfin sur Les Amoureuses qui est, et sera toujours, le terroir de fantasme absolu sur Chambolle. Il faut y goûter pour comprendre le caractère expansif, plein, suave et profond des messages qui s’en détachent. Ici, des parfums de fruits et de fleurs cristallisés, portés par la fraîcheur et un grain si fin. Il est, à mon sens, bien aussi savoureux que ceux de Nicolas Groffier, qui est vendu plus du double…. Dans la même catégorie de vins de légende, le Clos Saint-Denis tient son rang, il se distingue de la gamme par la densité de son fruit en cœur de bouche, et par son allonge puissante. Je note que les boisés sont bien plus délicats sur les derniers millésimes, ce qui débride totalement la dimension de la finale de bouche !