Histoire et style
L’histoire du Clos commence en 1895. A l’époque, le Clos est principalement une réserve de chasse, où s’y retrouvent les chasseurs des environs, qui viennent y passer leur temps libre et partager les secrets de chasse. C’est l’ingénieur Élie Dussaud, collaborateur de Ferdinand de Lesseps (le concepteur du canal de Suez et pionnier du canal de Panama) qui décide de faire édifier un imposant bâtiment à l’intérieur du Clos. Ce bâtiment, appelé Le Bassin, alimentera la ville de Courthézon en eau pendant plusieurs décennies. Le Bassin, est alimenté par un forage de 700 mètres de profondeur. Amoureux de l’endroit, l’ingénieur continue les travaux et décide de créer une cave souterraine, creusée dans le safre, sous forme de galerie. C’est dans ces galeries que sont aujourd’hui élevés les vins du domaine, dans des conditions de températures idéales : température fraîche, constante et naturelle, hygrométrie élevée. C’est en 1923 que débute l’étude de la délimitation de l’aire d’appellation Châteauneuf-du-Pape dont la présidence est confiée au Baron Le Roy. À cette époque, les experts chargés de la délimitation voulurent visiter le domaine afin de le classer dans l’aire d’appellation Châteauneuf-du-Pape. Mais quand ils se présentèrent au domaine, le garde-chasse les accueillit avec un fusil, refusant catégoriquement une intrusion pour une quelconque activité commerciale. Les experts, chassés du domaine et sans visite des lieux, ne classèrent pas le Clos dans l’appellation Châteauneuf-du-Pape… Le Clos restera donc une île enclavée au milieu de l’appellation qui deviendra la prestigieuse appellation Châteauneuf-du-Pape, aux terroirs exceptionnels mais inconnus par son propriétaire… La majorité des Côtes-du-Rhône produits aujourd’hui par le domaine proviennent des terroirs situés à l’intérieur du Clos. En 1955, Paul Pouizin, vigneron sur la commune de Visan, décide d’acheter un domaine pour installer son fils, Claude, alors âgé de 20 ans. Le domaine acheté est un Clos endormi, à l’intérieur duquel se trouvent principalement des bois, de la garrigue et quelques parcelles de vignes. Claude se lance alors dans un long et difficile travail de déboisement pour y planter de la vigne. Claude et sa femme Colette sont à l’époque très critiqué dans le village. Seul le couple se rendait compte de la valeur et du potentiel du terroir. Au fil des ans, par petites touches, le domaine se dessine pour devenir un vignoble de 9 hectares en appellation Châteauneuf-du-Pape et 45 hectares en appellation Côtes-du-Rhône. Le travail de Claude fut un travail long et laborieux mais résolument un travail de visionnaire qui permit 50 ans plus tard, de donner naissance à des cuvées de prestige, mêlant finesse et complexité. Soucieux de développer la commercialisation et de continuer à faire évoluer le domaine, Claude Pouizin se lance dans la production de ses premières bouteilles en 1970. Sa femme, Colette s’initie au commerce et développe ce travail avec rigueur et humilité. Pendant 26 ans, Colette développera les marchés en France mais surtout la vente au caveau de dégustation, désireuse de recevoir et de faire découvrir aux autres la magie des lieux du Clos du Caillou. Âgé de 61 ans, Claude Pouizin pense à sa succession. Père de trois filles, ce sera Sylvie, la cadette, qui continuera le travail mis en place. Résidant alors à Sancerre avec son jeune mari Jean-Denis Vacheron, fils de Jean-Louis et Marie-Claire Vacheron, vignerons à Sancerre, le couple quitte les terres sancerroises, pour un challenge de taille : reprendre le Clos du Caillou et produire de grands vins. C’est donc en 1996 que le couple quitte Sancerre pour venir s’installer au Clos du Caillou, avec leur fille aînée Marilou, alors âgée de 2 ans et Axel, leur nouveau né. Jean-Denis a de grandes ambitions pour le domaine. Il est déterminé à produire des vins à son image, libéré de tout diktat. Il aime la finesse, l’élégance, le style bourguignon. Millésime après millésime, Jean-Denis s’impose comme un grand vigneron, guidé par une passion sans limite et des idées visionnaires. Ce grand épicurien imposait le respect, reconnu dans la presse (Jean-Denis obtiendra un 100/100 pour sa Réserve en 2001, son dernier millésime) mais aussi de ses pairs, grand ami des vignerons. Le Clos a définitivement sauté le mur. Les grandes cuvées sont lancées et en quelques années, le domaine rivalise avec les meilleurs producteurs de l’appellation. Cette ascension va se heurter à la tragique disparition de Jean-Denis, dans un accident de voiture. C’est grâce au soutien familial et au courage sans précédent de Sylvie que le domaine se relève. Cette battante décide de s’épauler d’un chef de production et ce sera le talentueux Bruno Gaspard qui entrera au domaine en tant que responsable de production en 2002, difficile premier millésime. Mais la force tranquille, le talent et l’humilité de ce passionné vont permettre de créer un binôme d’exception avec Sylvie. Tous deux continueront le travail amorcé et maintiendront le cap vers une qualité sans cesse renouvelée. En avril 2020, le Clos du Caillou saute un grand pas en rachetant le Domaine de Panisse, une propriété viticole exceptionnelle située à seulement 2 kilomètres du Clos du Caillou. Ce magnifique domaine, vendu par faute de repreneur, compte 6,5 hectares de Châteauneuf-du-Pape sur des terroirs à dominante sableuse. Le vignoble est composé des cépages traditionnels de Châteauneuf-du-Pape : Grenache Noir, Syrah, Mourvèdre ainsi que de vieux Cinsault de 1950, certains Grenaches Noirs ont même été plantés en 1924 ! Marilou et Axel, revenus sur la propriété récemment, ont fait évoluer les vins vers davantage de finesse et de profondeur. La gamme est un sans-faute autant sur les rares blancs, notamment le Côtes-du-Rhône La Réserve, un 100% Clairette Rose d'un niveau exceptionnel que sur les rouges, le Côtes-du-Rhône Esprit Nature se livre dans une expression aérienne et florale du Grenache Noir, le Côtes-du-Rhône Les Quartz est une ode à la minéralité, Les Safres lui aussi dans un esprit moderne et délié du Grenache Noir à Châteauneuf-du-Pape démontrent tout le potentiel de ces terroirs sableux, La Réserve très marqué par le Mourvèdre est un vin plus sérieux à la finale séveuse rappelant certains Bandols, il faudra l'oublier en cave pour laisser apaiser sa fougue épicée.