Condrieu La Combe de Malleval

« 2022 est le plus grand millésime que j’ai fait depuis mes débuts. En blanc comme en rouge, je suis étonné du résultat obtenu car il a fait chaud, sec, les vignes sont allées très loin chercher les composés minéraux ». Voilà le pitch qui va donner le sourire aux membres qui, comme moi, vouent une admiration particulière à l’œuvre de Stéphane Ogier en Côte Rôtie. En juin dernier, je passais en coup de vent voir Stéphane pour récupérer deux jéroboams de 2010 dédiés à une soirée endiablée et j’en ai profité pour sonder l’opinion de Stéphane sur ses 2022. En blanc, ses Condrieu sont merveilleux, loin de toute lourdeur ou sensation pesante. Il cueille sur le fil, mais concentre ici un peu plus de messages que sur les évanescents 2021 (pourtant un de mes plus beaux coups de cœur du Marché d’Ampuis 2023). Vous retrouverez donc la fameuse Combe de Malleval, bercée de la fraîcheur des lieux et de l’aromatique de pêche de vigne et d’agrumes des grands vins du domaine. Derrière, saluons le niveau fabuleux du Saint-Joseph 2022 qui, dans la gamme des rouges, offre un rapport prix-complexité déjà fabuleux. Ici, on sent le boost d’une grande année mais pas celui d’une année « trop chaude ». C’est le Saint-Joseph de rêve, à la fois juteux, poivré mais assez suave qui permet d’en profiter même en jeunesse ! Saisissez-les, j’y vois un cousin du délicieux 2020. Derrière ces 2022 enchanteurs, je suis heureux de vous parler de l’ me Sœur 2019, que Stéphane a gardé patiemment en cave avant de le mettre sur le marché… Quelle sagesse, pour ce grand vin de Seyssuel qui mérite, à l’instar d’une belle Côte-Rôtie, cette patine du temps ! La semaine dernière, lors de notre masterclass « Les grands vins français face à leurs challengers », j’ai servi une me Sœur 2017 à l’aveugle, face à une grande syrah d’Australie. Presque toutes les personnes présentes ont salué la dimension et le velouté de texture de cette grande syrah qui, au-delà de sa richesse parfumée, affiche de vraies racines et une dimension minérale admirable. Elle me fait penser à certains terroirs du nord de la Côte-Rôtie, là où les bouches sont fuselées et persistantes ! Assurément, 2019 affiche les arguments de ces années où toutes les planètes sont alignées : concentration magique, fruit éclatant, tanins classes et millimétrés ! Quand je repense au jéroboam de 2020 que j’ai servi la semaine dernière lors d’une soirée Live, je me dis que ces 2019 iront dans la même trajectoire ! Enfin, vous retrouverez, de l’oenothèque du domaine, les fameuses « La Viallière » du domaine sur 2015. Terroir de feu, situé juste sous les Grandes Places, ce vin haute couture commence à lâcher les chevaux. Superbe envergure, ambiance fumée, poivrée, où le bois précieux cohabite avec des instances d’olives noires. Trame de velours, tenue en respect par des tanins assez poudrés, qui commencent à baisser la garde. La finale de ce flacon est superbe, les messages s’éternisent au gré d’un plaisir charnel et profond ! Très grande bouteille !