« Une gamme de Chassagne lumineux, profonds, d’une extraordinaire régularité sur ce millésime ! Mention spéciale pour Chenevottes et Boudriottes qui interpellent autant que les légendaires Blanchots et Rémilly ! En rouge, le gain de finesse des vins du domaine est stupéfiant, il faut y goûter absolument ! » Chers membres passionnés, écrire ces lignes autour des 2022 de Bruno Colin est un flash-back quelques semaines en arrière, lorsque? fin février 2024, j’emmenai Valentin (notre nouveau directeur général) et sa compagne dans le vignoble ! Un baptême du feu pour eux qui ont compris? à partir de 09h30 et quelques verres, qu’il allait falloir apprendre à cracher pour tenir le choc d’une telle journée ! Après un saut chez Jean-Baptiste Clair à Santenay (super gamme de Saint-Aubin), nous avons été accueillis chez Bruno Colin par Antoine Lesney et Bruno, qui nous ont présenté fièrement les sublimes 2022 du domaine ! 18 vins dégustés, 17 dans le mille, un seul d’entre eux m’a laissé un poil plus songeur (les Morgeots cette année) mais sinon pour le reste, sincèrement, c’est du très très haut niveau ! Je vous le disais l’année dernière dans les commentaires des 2021, les blancs du domaine ont évolué depuis quelques années, je les trouve moins comprimés, plus expressifs et plus savoureux qu’avant. Il y a de nombreux coups de cœur et quelques nouveautés, comme ce Puligny Premier Cru Les Demoiselles par exemple : une vigne de 3 ans qui livre un jus totalement scotchant ! Nous avons même pu déguster les Bâtard et Chevalier Montrachet du domaine, chose très très rare, ils n’en font qu’une poignée ! Plongez vite dans le « j’achète » pour saisir les nuances de la gamme qui, sincèrement, est une démonstration de maîtrise sur ce millésime dont on se rappellera longtemps !
2022, pour ceux qui aiment la comparaison, c’est 2020 mais en mieux… On est mûr, sapide, pas trop riche, avec le relief qu’on attend à tous les étages. La gamme des blancs débute avec le Bourgogne blanc du domaine qui fait dans le « simple, bon, efficace », on en a pour son argent ! Il connaît une partie d’élevage en cuve, le reste est sous bois, ce qui laisse place à des nuances florales, fraîches, de poire et d’agrumes. C’est un peu le no brainer d’un apéro qui commence bien ! L’accélération est brutale derrière quand on attaque les Charmois, Premier Cru de Saint-Aubin. Bruno en fait 3 fûts seulement, mais c’est un concurrent sérieux au village du domaine. Le 2022 affiche une fine réduction grillée, avec de la craie, le lift de la peau des agrumes et une superbe texture. C’est un Premier Cru haut de gamme de Saint-Aubin, mais franchement, ça chante déjà très fort dans le verre ! Le Chassagne village derrière nous rappelle que la réputation des villages de Bourgogne ne s’est pas faite par hasard. Animé d’une minéralité affirmée et moins emprunt de son élevage, il se distingue du Charmois par sa classe, son côté calme et profond. J’aime son côté délicat, floral, fin et frais, et surtout sa race en bouche. On monte en intensité dans les Vergers, Premier Cru de haut vol sur 2022. En général au domaine, c’est un Premier Cru de demi-puissance, mais là, on monte d’un ton dans la longueur et la présence des messages. Expansif, sans être puissant, il pousse les notes minérales crayeuses plus loin que d’habitude, avec les fleurs blanches et la châtaigne. Le Chaume, qui prolonge le coteau sur la combe de Saint-Aubin, est impressionnant lui aussi, il affiche plus de puissance et de coffre avec un minéral plus brut. Texture ample d’attaque, puis des sensations intenses d’un bloc qui vient saisir les papilles ! On se fait plaquer par Sébastien Chabal à ce stade de la gamme… Ça calme, comme on dit ! À peine remis de cet uppercut, on plonge dans les Chenevottes et là, on passe en vitesse lumière… J’ai mis +++++, note ultime de mes repères à ce Chassagne envoûtant de sensations, riche d’un millefeuille complexe : spray crayeux, agrumes, poire, noisette, acacia, avec une fine patine du bois. J’adore ce cru qui n’est jamais brutal, il est radieux, super parfumé et classe. Un des plus gros coups de cœur de la dégustation ! Mais il ne faut pas négliger la suite pour autant : très beau Maltroies (la vigne qui épouse la nouvelle cave du domaine) qui livre un Chassagne Premier Cru plein de zestes d’agrumes confits, avec un relief salin impressionnant. Je l’ai imaginé sur une cuisine entre l’iode et la Méditerranée, au mois de février mars, saison des agrumes ! Morgeots m’a laissé sur le bord de la route cette année, c’est rare, question de feeling le jour J, mais j’y regoûterai histoire de voir ce qu’il donne finalement. Par contre, Boudriottes (absent de notre allocation habituelle) fait une entrée spectaculaire, avec là aussi, une de mes plus belles notes. Ce Premier Cru très solide du coteau sud de Chassagne déclenche une avalanche de salivation et montre un profil athlétique et construit. Il est sur la deuxième place de mon podium des Premier Crus de cette catégorie de prix dans la gamme. Derrière, Rémilly et Blanchots sont des grands crus déguisés en premier cru… Le premier épouse les hauteurs des Chevaliers, il est super rare et d’une extraordinaire complexité. On est plus proche d’un Puligny dans le ressenti, la classe et la trame de bouche. Son allonge impressionne ! Blanchots est tout aussi extraordinaire, rappelons qu’on est contre le Montrachet et le Criots-Bâtard. Vin aussi puissant que lumineux, c’est le Premier Cru de Chassagne ultime à mon sens ! Avant d’attaquer les Grands Crus, Antoine a dégainé les Demoiselles, premier tirage ultra collector du domaine sur ce terroir qui jouxte le Montrachet au nord sur Puligny. Vigne de 3 ans qui entre sur scène et qui scotche tout le monde… On comprend pourquoi quand on passe dans la parcelle et qu’on observe les énormes éclats de craie du Bathonien en surface. C’est haut de gamme, mais niveau Grand Cru, j’ai eu du mal à y croire quand on m’a dit que les vignes étaient si jeunes. Corton, Bâtard et Chevalier sont les trois mousquetaires qui arrivent à la fin de la bataille, ils sonnent la fin de la récréation en rappelant qu’un Grand Cru, c’est un Grand Cru. Nous n’avons que une, deux ou trois bouteilles, donc je vous passe les commentaires qui vous feront perdre un temps précieux. En rouge, par contre, restez concentrés, car le simple Chassagne vieilles vignes est une merveille, une petite soupe de fraise et de cassis, livrée avec des pétales de fleurs dans une trame sans tanins. Il est redoutable, je n’ai même pas craché ! (Valentin non plus et ce dès les Grands Crus en blanc). Dans le Santenay Gravières, on retrouve une trame plus tellurique, un profil plus sanguin, mais diable que c’est classe, savoureux et long. J’ai adoré aussi, c’est la Rolls de l’appellation à mon sens ! Le Maranges Premier Cru vient les doubler par la droite en persistance, ce sont les Fussières qui s’expriment, un terroir qui mérite d’être bien plus connu. Servi intelligemment à la fin de la gamme des rouges, il brille par sa trame minérale, son allonge sur un fruit plus éclairci et sa persistance. Je ne l’avais jamais goûté à ce niveau, c’est assez dingue à souligner !