Aujourd’hui chez Chais d’oeuvre, nous vous proposons une vidéo sur un sujet d’actualité : quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur le vin ? Merlot à 16,5°, Chardonnay à 15° ou même parfois des Sancerre à 14,5° d’alcool, le réchauffement climatique est-il responsable de ces changements ? C’est le thème de la minute MOF présentée par Manuel Peyrondet qui répond à cette question et apporte des précisions sur le présent et l’avenir. Explications en images.
Conséquences du réchauffement climatique sur le vin
Lorsque l’on parle du réchauffement climatique dans le domaine du vin, on pense d’abord aux viticulteurs. En effet ce sont les premiers touchés. Pour eux, c’est un véritable inconvénient. Lors d’une conférence à la dégustation Trait d’Union chez Pierre Larmandier, un grand scientifique l’a d’ailleurs démontré. Il y a plusieurs effets néfastes envers la viticulture.
Le cycle de la vigne perturbé
D’abord, la fameuse règle des 100 jours après la floraison pour indiquer la date idéale des vendanges n’est plus d’actualité. Effectivement, le cycle végétatif est raccourci car la vigne pousse et mûrit plus vite. En conséquence, il n’y a donc pas la même sève élaborée, ni la même maturité de peau et de pépins. Ceci engendre des déséquilibres alcools au regard de l’acidité qui chute très vite lorsqu’il fait trop chaud. A la fin, le fruit n’est pas de la même profondeur ni de la même complexité.
L’absence de minéralité
Ensuite, ce n’est pas la même sève élaborée, ni le même contact avec le sous sol. Par exemple, des vins qui ont parfois une sensation minérale, invitée par le sol, comme les vins mono-cépages de latitude nord, perdent cette dimension avec un millésime solaire. C’est un problème car ce côté minéral fait la singularité de certaines appellations. Effectivement, ce n’est pas simplement une dimension variétale et de fruit mûr. Une partie du sous-sol s’invite à la dégustation. Cela engendre une lecture plus intriguante voire vibrante.
Un potentiel de garde amoindri des vins
Les millésimes chauds vieillissent moins bien sur certains cépages. Ils se fanent plus rapidement. C’est un vrai problème car les vins français – et européens – sont souvent faits pour vieillir et tenir dans le temps. Donc le réchauffement climatique va influer négativement, créant un besoin d’agir des vignerons.
Une reprise de contrôle ?
Affranchissement de la maturité
Est-ce que les vignerons doivent s’affranchir de la maturité phénolique des cépages ? Dans certaines régions, notamment du Sud de la France, c’est souvent le cas. Certains n’hésitent pas à récolter lorsque la sucrosité est assez élevée, comme à 12,5° potentiel des grenaches, quitte à ce que le raisin ne soit pas totalement mûr. C’est un style, un profil de vin. Ce n’est pas la philosophie des vignerons qui ont écrit leur notoriété à travers la complexité maximum de leurs vins. C’est donc une nouvelle vague qui appartient à un paysage viticole particulier. Cela va mettre sous les projecteurs un nouveau débat : faut-il récolter très mûrs les raisins ou s’affranchir de cette maturité ? C’est un autre enjeu.
Nouveau modèle, nouvelle organisation
Aujourd’hui, les vignerons bougent. Le matériel végétal évolue, on s’y intéresse de plus en plus. On s’attaque aux portes-greffe, aux plants, mais aussi à replanter des sélections massales. La viticulture est mieux pensée, avec un cycle végétatif ralenti. Cela permet une maturation plus lente, avec des vignes plus résistantes comme la culture biologique. Les vignerons réfléchissent aussi à des orientations de plantations, une revue de l’encépagement… Cela permet la renaissance d’un passé viticole, ampélographique, passé qui peut aider à construire l’avenir.
En conclusion, les conséquences du réchauffement climatique sur le vin sont multiples. Cependant, cela permet aux vignerons de repenser la culture et la filière. Modernité et progrès ou retour aux sources, là est finalement la décision à prendre.
Amélie Leynier