Présent depuis la nuit des temps, le vin est le fruit de traditions et de coutumes qui ont traversé les siècles. Avant d’être domestiquée par l’Homme, la vigne était une plante sauvage. La vigne et le vin sont ainsi des témoins de notre présence sur Terre. Retracez l’Histoire de cette boisson millénaire.
Premières traces de domestication
Les premières traces de viticulture remontent à environ 6 000 ans avant notre ère, dans la région du Caucase, notamment en Géorgie actuelle ainsi qu’en Mésopotamie. Le Caucase est considéré depuis le XIXème siècle comme le berceau de la vigne et de la viticulture. Une grande diversité de cépages était alors observée. C’est au travers de fouilles archéologiques menées en 2017 que 8 jarres néolithiques sont retrouvées, témoins les plus anciens du travail de la vigne. Les analyses ont permis de mettre en évidence la présence de dépôt d’acide tartrique sur les parois, marqueur de la présence de vins. D’autres vestiges ont été retrouvés en 2015 en Iran, ces derniers dateraient d’il y a 7 000 ans. Ils révèlent également une méthode de vinification constituant à introduire dans le vin de la résine de térébinthe pour empêcher le vin d’aigrir.
Des fouilles réalisées en 2010 en Arménie témoignent des pratiques viticoles du passé en extrayant un fouloir, une cuve mais également des restes desséchés de pépins et de rafles.
Les analyses de laboratoire grâce à la méthode de radio-carbone permettent de dater, avec précision, les vestiges à environ 4 100 ans avant notre ère.
L’arrivée de la vigne en Egypte puis en Grèce
Dans l’Egypte ancienne, le vin était destiné aux dieux et aux souverains. On retrouve des traces de la culture de la vigne 3 500 ans avant Jésus Christ. Les premières hypothèses étaient qu’il ne s’agissait que de vins blancs aux vues de pratiques exercées et de l’absence de cuvaison. Cependant, Champollion viendra contredire ces propos. Des analyses effectuées plusieurs décennies après ont confirmé ses dires. En effet, des traces d’anthocyanidines (pigments présents dans le raisin rouge) sont identifiées dans des jarres du tombeau de Toutankhamon.
C’est par l’intermédiaire des Egyptiens que la vigne apparait en Grèce 2 000 ans avant Jésus-Christ. Selon le politicien et stratège athénien, Thucydide, c’est en sortant de la barbarie que les peuples des rivages méditerranéens ont entrepris de cultiver la vigne et l’olivier. Virgile, poète grec, vint confirmer son propos six siècles plus tard en écrivant qu’il serait « plus facile de compter les grains de sable de la mer que d’énumérer tous les crus grecs. »
Le vignoble se perfectionne avec la restructuration des parcelles sous forme de terrasses et de murets.
Le vin était très respecté dans la civilisation grecque avec l’instauration de Dionysos, Bacchus chez les Romains. Le vin se buvait entre hommes lors de banquets, en particulier lors des Grandes Dionysies, de somptueuses célébrations à l’origine du théatre.
Conquête de la péninsule italienne puis de la Gaulle
La vigne s’étend en Italie du Sud et en Sicile comme sur le pourtour de la Méditerranée grâce à la civilisation grecque dans les environs de 1 000 avant JC.
Ce sont ensuite les Etrusques qui ont conduit à l’implantation de la vigne dans la Gaule du Sud, en Espagne et au Portugal entre 1 000 et 500 avant JC. C’est à Massilia, actuelle Marseille, que la vigne arrive six siècles avant notre ère. Cependant, des cépages autochtones étaient déjà présents dans le Rhône. Le commerce de vin est avant tout un commerce fluvial au Ier siècle après JC.
Dans un premier temps, le vin était produit pour un usage personnel avant de faire l’objet d’actes commerciaux entre Marseille et les autres colonies grecques des rivages méditerranéens.
Les vestiges les plus anciens de pratiques viticoles en France sont présents dans l’Hérault, à Lattes et remontent à environ 425 à 400 ans avec JC.
La viticulture se développe ensuite dans toute la Gaulle due à la conquête de la Gaulle par les Romains. Cela se fait tout particulièrement par voies fluviales. Les goûts ont évolué, les Romains buvaient un vin très épicé allongé à l’eau de mer. Ce n’est qu’à partir du Moyen-Âge que les goûts évoluent vers les vins actuels.
Les Romains vont contribuer à la professionnalisation des pratiques agricoles par l’intermédiaires de traités agronomiques démontrant les bienfaits d’un sol drainé, bien exposé, de préférence en coteaux. L’importance de la taille est également certifiée comme l’explique Pline, « Tout ce que l’on ôte au bois, on le donne au fruit. ».
C’est également sous le règne de l’empereur Auguste que les amphores se font définitivement remplacer par les fûts en bois pour le stockage et le commerce.
La vigne et le christianisme
La chute de l’Empire ottoman ainsi que de l’Empire romain ont conduit à la réorganisation de la vigne autour des villes et des abbayes. Le christianisme a joué un rôle essentiel dans le maintien et même le développement de la vigne et du commerce du vin. En effet, de nombreux hospices et monastères, à l’instar de l’Abbaye de Cluny, virent le jour sur les grands axes de pèlerinages. Les vignobles étaient également situés à proximité des grandes foires mais également des grands axes commerciaux vers le nord de l’Europe. Grâce à l’utilisation des cépages autochtones comme le gouais ou les traminers et la présence des grands marchés dans le nord de l’Europe, les vignobles méditerranéens vont disparaître au fil du temps au profit de la Bourgogne.
La Bourgogne, Bordeaux, la Champagne vont par la suite connaître un fort développement. Au fil du temps, le vin devient peu à peu un marqueur de richesse tant pour le clergé que la noblesse. Il devient également le centre de négociation pour le commerce avec des taxes et impositions mais se retrouve également au cœur de procès et de rançons. Nous pouvons citer comme exemple le procès des Grands Augustins de Lyon au XVIe siècle quant à la perception de la dîme.
Aujourd’hui très peu présente en région parisienne, la vigne y était pourtant présente avant la Révolution française, notamment à Meudon, Montmartre et Vincennes.
Ce n’est qu’à partir du XVIIème siècle mais surtout du XVIIIème siècle que des progrès sont faits pour aboutir à l’élaboration d’un vin d’une plus grande qualité. Les outils sont repensés pour permettre une plus grande efficacité, l’engrais se démocratise également.
Le Bordelais que l’on connait aujourd’hui se modèle avec l’apparition de nouveaux chais et de grands Châteaux dont la renommée a perpétué.
La seconde moitié du XIXème siècle marquera fortement le vignoble français et plus largement européen avec la crise phylloxérique. Cet insecte venu d’Amérique apparaît en 1865 et provoquera la destruction de plus de la moitié du vignoble hexagonal. Le vignoble a su renaître de ses cendres pour devenir l’un des plus importants et renommés vignobles du monde.