Aujourd’hui et pour vous, Manuel Peyrondet aborde un sujet particulièrement demandé sur le site de Chais d’œuvre, les primeurs à Bordeaux. Retour sur ce phénomène typique de la place bordelaise et réponses à vos questions.
Qu’est-ce que la vente en primeurs à Bordeaux ?
Eh non, nous ne parlons pas ici du marchand de fruits et de légumes d’en bas de chez vous. La vente en primeur à Bordeaux, c’est une vraie institution et tradition. C’est un événement annuel typique et unique de la région.
L’origine de la semaine des primeurs
Tout remonte au XVIIIe siècle. A cette époque, le négoce bordelais se rendait directement chez les propriétaires avant même que les vendanges n’aient eu lieu, afin d’estimer et d’acheter la récolte sur pied. On appelait cela des « ventes sur souches« . Ce sont les prédécesseurs des ventes en primeur.
Le phénomène s’est ensuite institutionnalisé dans les années 1980, notamment sous l’impulsion du baron Philippe de Rothchild qui avait proposé une dégustation de son année 1982 dès le mois d’avril alors que le vin n’était pas sorti des barriques.
Le déroulement des primeurs à Bordeaux
Chaque année au printemps, les vins tout juste récoltés sont mis en vente, alors même que l’élevage n’est pas terminé. Il s’agit donc d’une réservation car la livraison du vin ne pourra se faire que quelque mois après, lorsque le vin sera prêt et mis en bouteille. Parfois, le négoce achète et paie même aux propriétés des vins deux ans avant leur mise sur le marché. Cela permet finalement aux négociants de s’assurer qu’ils auront bien les vins, mais cela permet surtout aux propriétés viticoles d’encaisser de la trésorerie qui sera utile dans l’année.
Aussi, la semaine des primeurs à Bordeaux se fait sous l’égide de l’Union des Grands Crus de Bordeaux et de différents groupements de producteurs. Se réunissent d’ailleurs à l’occasion les professionnels du vin du monde entier. Tous veulent déguster le dernier millésime des propriétés les plus prestigieuses, ces fameux primeurs que l’on ne trouve qu’ici.
Est-ce intéressant d’acheter des vins en primeur à Bordeaux ?
L’avis de Manuel Peyrondet sur les primeurs à Bordeaux
Pour Manuel, il ne faut pas nécessairement acheter les vins en primeur. Pour lui se distinguent deux grandes catégories. D’un côté sont présents les premiers grands crus classés. Depuis une décennie, l’augmentation des prix des bouteilles est pharaonique et depuis 2005, il est de moins en moins intéressant d’acheter en primeur. Les Crus les moins chers de l’époque sont aujourd’hui très onéreux. Les acheteurs ont effectivement énormément acheté pour spéculer, le tout de façon excessive. Dès lors, les bouteilles de l’époque se retrouvent aujourd’hui en grande quantité sur le marché et se vendent donc moins chères qu’à l’époque. Ainsi, sur les plus grands crus, ce n’est pas une bonne affaire d’acheter en primeur.
D’un autre côté, nous avons les bouteilles entre 20 et 50€ ht. Ce sont de bonnes affaires. Il s’agit surtout de crus bourgeois, parfois classés mais moins connus ou simplement de bons auteurs. Pour ces vins, les prix sont moins élevés et il est donc encore possible de faire de bonnes affaires.
Semaine des primeurs et Coronavirus
Cette année, avec la crise du Coronavirus, nous sommes face à une situation inédite. Ainsi, la semaine des primeurs 2019 à Bordeaux, qui devait avoir lieu du 30 mars au 2 avril, a été suspendue.
Cependant, après la dernière annonce présidentielle, l’Union des Grands Crus de Bordeaux et le Bordeaux Négoce envisagent la tenue des primeurs 2019 d’ici la fin de l’été. Etant donné le contexte, le format sera évidemment adapté. Ainsi, elle prendrait donc la forme de dégustations en « hub », c’est-à-dire en plusieurs comités restreints. Ces comités seraient composés de journalistes, professionnels de la dégustation, critiques.
Ronan Laborde, président de l’union des Grands Crus, a ainsi tenu à préciser que cette année, l’édition des primeurs serait avant tout intimiste, et non pas festive. La priorité de tous étant bien entendu de continuer à lutter contre le virus.
Vous l’aurez compris, méfiez-vous des trop grandes étiquettes qui seront peut-être moins chères dans quelques années. Privilégiez les vins plus abordables qui possèdent un rapport prix/plaisir immense. Et comme le sujet porte sur Bordeaux, retrouvez nos coups de cœur de la région sur Chais d’oeuvre, tels que le Château de Rouillac ou le Domaine de l’A et son fameux Castillon Côtes de Bordeaux 2015 ! De même, nous vous proposons actuellement les Cabernets Sauvignons du Château La Lagune ! Accessible pour tous les membres du club de vin Chais d’oeuvre. Profitez-en, la carte Membre est gratuite en ce moment.