Le changement climatique est devenu l’un des défis les plus pressants de notre époque, affectant de nombreux secteurs à travers le monde. Parmi les industries touchées, l’industrie viticole est confrontée à des défis majeurs. Les effets du changement climatique sur la production de vin sont déjà visibles et ont des implications profondes pour les viticulteurs, les œnologues et les amateurs de vin du monde entier. Cette semaine, Chais d’œuvre se penche sur cette thématique qu’est l’impact grandissant du changement climatique sur l’industrie du vin et les mesures prises pour s’adapter à cette réalité.
Les changements de température
Avec le réchauffement climatique, les températures plus élevées ont un effet direct sur la culture de la vigne. Avancée de la date de vendanges, baisse des rendements… Dans certaines régions traditionnellement propices à la viticulture, cette hausse des température peut altérer la maturation du raisin et ainsi modifier les caractéristiques gustatives du vin. Les raisins peuvent mûrir plus rapidement, ce qui réduit la période de récolte et peut entraîner une teneur en sucre plus élevée et une acidité moins prononcée. Par ailleurs, en trente ans, les vendanges ont en moyenne avancé de deux à trois semaines. La qualité et l’équilibre des vins produits en sont devenus grandement impactés.
Changements dans les précipitations :
Le changement climatique entraîne également des variations dans les régimes de précipitations. Les sécheresses prolongées dans certaines régions viticoles peuvent causer des stress hydriques sur les vignes, réduisant ainsi la production et la qualité des raisins. D’un autre côté, des précipitations plus intenses et imprévisibles peuvent provoquer des inondations et des maladies, endommageant les cultures de vignes.
L’Institut national de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement (INRAE), a mis en évidence les changements attendus d’ici 2050 sur l’impact du changement climatique sur la viticulture : avancement de la période de récolte ; augmentation de la concentration d’alcool ; baisse de l’acidité du raisin ; modification des profils aromatiques ; évolution du rendement dans certaines régions…
Les viticulteurs ont également dû faire face à des événements extrêmes ces dernières années tels que les canicules, le gel, les précipitations et la sécheresse. La hausse des températures moyennes, la modification des régimes pluviométriques, l’accentuation du changement climatique et la fréquence des événements intenses sont des conditions défavorables pour le raisin.
Les nouveaux défis géographiques :
Avec le changement climatique, les conditions géographiques propices à la viticulture peuvent se déplacer. Les régions traditionnelles de production de vin peuvent devenir moins adaptées tandis que de nouvelles régions auparavant inappropriées peuvent émerger. Certains vignobles historiques et réputés risquent de voir leur environnement devenir moins favorable à la culture de la vigne. Des zones traditionnelles, comme certaines régions de Bordeaux en France ou la Napa Valley aux États-Unis, peuvent subir des altérations des conditions climatiques qui rendent la viticulture plus difficile.
En parallèle, de nouvelles régions qui auparavant ne répondaient pas aux critères nécessaires à la culture de la vigne peuvent devenir plus attractives pour les viticulteurs. Des zones plus fraîches ou des altitudes plus élevées peuvent être maintenant mieux adaptées à la viticulture, offrant des opportunités inattendues pour les producteurs de vin. Par exemple, certaines régions du Canada, de l’Angleterre ou de la Nouvelle-Zélande voient leur réputation s’améliorer en tant que nouvelles frontières viticoles grâce à des températures plus clémentes.
Cela pose des défis aux viticulteurs qui doivent évaluer de nouvelles opportunités et prendre des décisions stratégiques quant à la plantation de vignes dans des régions autrefois inexplorées.
La biodiversité menacée :
Le changement climatique met également en péril la biodiversité des régions viticoles. Les écosystèmes qui soutiennent la croissance des vignes sont de plus en plus vulnérables. Les espèces d’insectes essentiels à la pollinisation et à la régulation des parasites peuvent être perturbées, ce qui peut entraîner une diminution de la biodiversité et une plus grande utilisation de pesticides pour contrôler les maladies des vignes. Leur comportement, leur distribution géographique et leur abondance peuvent être affectés.
Une pollinisation insuffisante peut réduire le nombre de baies par grappe ou entraîner des raisins mal formés. Les viticulteurs peuvent être confrontés à des pertes de rendement et à des coûts supplémentaires pour maintenir la productivité de leurs vignobles. Pour compenser la baisse de pollinisation naturelle, ils pourraient être amenés à avoir recours à une pollinisation manuelle, ce qui est coûteux et fastidieux.
Les mesures d’adaptation :
Face à ces défis, les viticulteurs et les scientifiques travaillent main dans la main pour trouver des solutions durables et respectueuses de l’environnement. Cela peut inclure des pratiques agricoles durables et plus respectueuses de la biodiversité, telles que la plantation des cépages plus tardivement et la conservation des habitats naturels à proximité des vignobles pour favoriser les populations d’insectes pollinisateurs. La promotion de la biodiversité dans les vignobles afin de renforcer la résilience des écosystèmes face aux perturbations climatiques est de mise. Cependant, l’impact sur le goût et l’identité des vins d’appellation n’en n’est pas moindre.
D’autres solutions existent comme la gestion des sols par apports de matières organiques et le réglage de l’acidité, mais au risque d’une industrialisation et d’une standardisation des vins d’appellation.
Le changement climatique exerce une pression croissante sur l’industrie du vin, mettant en danger la qualité et la stabilité des vignobles dans le monde entier. Les viticulteurs, les scientifiques et les organisations travaillent ensemble pour trouver des solutions innovantes et durables afin de préserver cette industrie millénaire. En comprenant les effets du changement climatique sur la viticulture et en prenant des mesures proactives, il est possible de minimiser l’impact négatif et d’assurer la durabilité de l’industrie du vin pour les générations futures.
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