Inventée en 1968, la capsule à vis est de plus en plus utilisée en France. Déjà employée depuis des décennies en Suisse et en Australie où 80% des bouteilles sont équipées d’une capsule, cette dernière séduit de plus en plus. Que ce soit pour les vins d’entrée de gamme ou pour les grands crus. Pourtant, la capsule à vis est toujours au cœur des polémiques et a encore du mal à se détacher de son image « bas de gamme ». Alors quelles sont les qualités réelles de ce nouveau bouchage à la mode ?
L’arrivée de la capsule à vis sur la scène viticole
Alors que le liège domine le monde du bouchage des bouteilles de vin depuis plus de 2000 ans en détenant 60% du marché, la capsule à vis prend de plus en plus de place sur la scène viticole. Son arrivée est principalement due à la diminution progressive de la qualité des bouchons en liège. Comme l’explique Manuel Peyrondet, Meilleur Sommelier de France 2008 et Meilleur Ouvrier de France 2011, dans cette vidéo, la production de chêne liège s’accélère depuis 25 ans. Cela entraine ainsi une baisse de la qualité des bouchons en liège. Mais aussi une apparition plus fréquente de défauts qui leur sont liés : oxydation prématurée, molécule qui donne le goût de bouchon au vin. De plus, tous les bouchons en liège ne sont pas identiques et leur qualité non plus. A cause des lenticelles, certains sont moins hermétiques et leur qualité peut diminuer au fil du temps. Pour éviter ces problèmes, de plus en plus de producteurs ont ainsi décidé de se tourner vers la capsule à vis. Une sécurité pour que la qualité de leur vin reste exactement la même.
La capsule à vis propose de nombreux avantages…
La capsule à vis, l’arme ultime contre le goût de bouchon
Le plus connu est évidemment que la capsule à vis évite le goût de bouchon. Même si les études varient, on considère qu’entre 3 à 5% des bouteilles de vin sont victimes du trichloroanisole, cette molécule de chlore présente dans le bouchon en liège qui peut se mélanger aux phénols du vin et donner ce goût de bouchon. Une autre étude montre que 95% des goûts de bouchon proviennent en effet du liège, mais les 5% restants peuvent également provenir du fût dans lequel le vin a été élevé.
Une conservation parfaite (sous réserve de bonnes conditions)
Une autre qualité des capsules à vis est sa capacité d’obturation presque parfaite. Cette qualité est d’autant plus importante pour certains vins, comme les vins aromatiques, ou les vins fruités, qui ont besoin de conserver les mêmes arômes qu’à la mise en bouteille. Avec un bouchon en liège, ces vins pourraient s’oxyder et les arômes fruités pourraient se transformer en arôme secondaire, non désirés par le producteur. Avec la capsule à vis, l’oxygène ne passe pas dans la bouteille et le vin ne se transforme pas. Elle garantit ainsi une conservation parfaite de ce que le vigneron a produit. De plus, la capsule à vis est réutilisable : elle permet de parfaitement reboucher sa bouteille de vin une fois s’être servi.
… mais n’est pas adaptée à tous les vins.
La capsule est recommandé si le temps d’élevage du vin a été suffisamment long
Bien que très pratique, la capsule à vis n’est pas adaptée à tous les vins. Manuel Peyrondet, co-fondateur et président de Chais d’œuvre, explique dans sa vidéo destinée aux différents bouchages, qu’il la conseillerait plus pour les vins à rotation rapide. C’est-à-dire les vins à boire rapidement, qui n’ont pas besoin d’évoluer au fur et à mesure des années. Pour lui, une capsule à vis pourrait être adaptée si le vin est prêt c’est-à-dire qu’il ait eu un temps d’élevage suffisamment long. Il faudrait ainsi mettre le vin sur la bonne tonalité, puis utiliser une capsule à vis pour garder sa fraîcheur. Pour les vins de garde, la capsule à vis serait ainsi un obstacle à leur évolution et les figerait dans le temps au lieu de les laisser vieillir et développer de nouvelles saveurs. Aussi, il faut faire attention aux vins qui sortent d’une fermentation en cuve : la capsule à vis pourrait rendre leur goût métallique.
La tradition du liège
La capsule à vis n’est pas non plus la bienvenue partout en France, où certains restent attachés au bouchon en liège traditionnel et à son bruit « pop » si emblématique lors de l’ouverture de la bouteille. Ainsi, de nombreux vignerons préfèrent s’en tenir au bouchon traditionnel de peur d’être catégorisés « bas de gamme » en utilisant la capsule à vis.
Le bouchon en liège est roi en France
En France, 80% des vins sont bus dans les 18 mois suivant l’embouteillage, le mode de bouchage n’a ainsi aucune importance et pourtant la capsule à vis est très souvent associée à du vin bon marché. Dans les années 2000, plusieurs grands crus français, comme le domaine Laroche (très connu à Chablis) ont décidé de passer aux capsules à vis, avant de repasser aux bouchons en liège quelques années plus tard. Ils témoignent alors des apports positifs de ces capsules en vis mais ont pourtant décidé de reboucher avec des bouchons en liège, pour rester au plus proche des besoins culturels français.
La capsule à vis, un choix assumé
Le domaine Albert Mann, situé à Wettolshei et très réputé en Alsace notamment sur ses pinots noirs, proposent une cuvée bouchée avec une capsule à vis : la Cuvée Albert. Cette cuvée a été un véritable coup de cœur pour Manuel Peyrondet, à tel point qu’en janvier 2019, elle a figuré dans un coffret de vin découverte de Chais d’œuvre. Un vin décrit comme « un des plus gros coups de cœur de Vinexpo » par Manuel Peyrdondet : « la sapidité est sublime, les notes de craie, d’agrume, de pomelo et de menthol emmènent avec rythme ce riesling parfaitement sec vers une finale longue et savoureuse. Le sentiment de pureté et d’expression de terroir est juste bluffante« .
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