Histoire et style
La famille Portalis est la détentrice historique du Château Pradeaux depuis 1752. Aussi loin que puisse remonter la famille, le domaine millénaire a toujours possédé un vignoble. Jean-Étienne-Marie Portalis, co-rédacteur du Code Civil et du Concordat, hérite du Château Pradeaux par sa mère au milieu du XVIIIème siècle. L’homme, également ministre de Napoléon 1er, s’avère fort occupé à Paris et ne s’occupe pas personnellement des vignes et des oliviers du domaine, qui seront entretenus en métayage. La chapelle du Château Pradeaux est ravagée et pillée pendant la révolution, mais les vignes demeurent intactes. Elles n’échapperont cependant pas à l’invasion de phylloxéra au XIXème siècle. Le vignoble sera rapidement remis sur pied à renfort de cépages Mourvaison, Carignan Noir, Cinsault, Grenache Noir et Tibouren. Les générations suivantes se rendent ponctuellement au domaine jusqu’à la fin de l’année 1939, date à laquelle les descendantes Suzanne Portalis et sa fille Arlette fuient l’invasion nazie et s’installent définitivement au Château Pradeaux. Les deux femmes prennent les rennes du domaine, mais c’est Arlette Portalis qui s’occupe véritablement des vignes. Elle apprend le métier de vigneronne, sur le tas, auprès des métayers. En 1941, Pierre Le Roy de Boiseaumarié, le co-fondateur de l’INAO, aide Arlette Portalis à créer l’appellation Bandol. Château Pradeaux à Saint-Cyr-sur-Mer, est un monument de l’appellation. Cyrille Portalis en assume aujourd’hui la direction, épaulé depuis 2010 par son fils Étienne (9ème génération) qui oriente les vins vers plus de finesse et de tension. À eux deux, ils défendent une vision très traditionnelle des Bandols. Les amateurs avertis ont sans doute des souvenirs extraordinaires quant à la race et à l’aptitude au vieillissement incroyable de ces vins. Même s’ils se définissent difficilement dans leur jeunesse, leur potentiel est latent. Si l’on prend le risque de les comparer aux Bandols de la nouvelle génération, comme les actuels vins produits par les domaines Tempier ou La Bégude, les vins de Pradeaux peuvent être distancés par des cuvées au style plus moderne, coloré, boisé et avantageux, se dégustant avec davantage de facilité dans leur jeunesse. Or, loin de toute dérive flatteuse, Pradeaux reste tel qu’il a toujours été : un rouge très classique, recherchant son épanouissement dans le temps, en renforçant sa puissance et sa singularité grâce à une vinification en grappe entière (rarissime à Bandol !) et à des élevages très longs (jusqu’à 48 mois) en vieux foudres âgés de 40 à 80 ans ! C’est aussi ce qui explique leur profil à part. Continuez à les mettre au moins dix ans en cave, ils vous surprendront toujours.
Terroir
Sol argilo-calcaire et calcaire, terres rouges et blanches riches en cailloux avec parfois des bancs rocheux, vignes de 25 ans.
Viticulture et vendanges
Les vignes (25 ha au total, 22 ha de plantées et 19 ha en production) du Château Pradeaux ont toujours été cultivées selon des méthodes biologiques mais sans certification, celle-ci devrait arriver prochainement. Les vendanges manuelles ont été effectuées du 15 au 18 septembre 2020.
Vinification
Rosé élaboré par pressurage direct, débourbé à froid entre 12 et 14°C durant 24 h, soutiré et mis en cuve thermo-régulée. Fermentation alcoolique en cuve ciment ou acier émaillée, durant 3 semaines environ en levures indigènes, pas de fermentation malolactique. Élevage sur lies fines durant 8 semaines. Assemblage, filtration et mise en bouteilles le 25 et 26 mars 2021.