« Un millésime qui rappelle 2014 au domaine, avec de superbes Bandol de garde. Mention spéciale pour Cabassaou cette année, une pure merveille ! »
Chers membres passionnés, voici le petit rayon de soleil qui devrait illuminer votre fin de semaine : voici les tant désirés et tant appréciés Bandol de Tempier ! Chez Chais d’œuvre, nous n’avons pas manqué une miette, en 12 ans, de l’œuvre de Daniel et son équipe. A de nombreuses reprises, nous avons mis le Bandol du domaine dans les coffrets mensuels et avons servi des centaines de flacons de vieux millésimes lors de masterclass. Nous avons surtout souligné et commenté les caractéristiques de chaque millésime en apprenant à chaque fois quelles sont leurs trajectoires. En 2021, millésime tardif et assez frais dans l’hexagone, la météo fut plus clémente dans le sud de la France que partout ailleurs. Sur Bandol, on est à l’opposé de ce que 2019 ou 2017 avaient dicté (deux millésimes solaires et puissants), et dans le prolongement de finesse des 2020, que je considère comme une très grande année pour l’appellation (il suffit, pour s’en convaincre, de goûter à la cuvée Collection de Sainte-Anne qui orne nos coffrets d’octobre). Pour en revenir à Tempier, j’ai pu déguster toutes ces cuvées il y a deux semaines, afin de mettre des mots sur des sens. La dégustation a débuté avec un très joli blanc qui, sans trame aromatique fermentaire (je deteste ça sur les blancs de Provence), livre une partition assez charnelle entre nuances d’anis et de plantes. En rouge, la cuvée « Lulu & Lucien » donne le ton à ce millésime, avec un relief plus salivant et plus tonique que sur 2020 ou ses aînés. Avec un peu moins de puissance et une matière extraite à souhait, elle plonge dans un tourbillon de baies sauvages, de laurier et de fleurs. Les tanins sont assez fins, mais montent encore un peu la garde à ce stade; il convient d’offrir 3 ans à ce flacon pour que ces derniers se polymérisent. Et pour comprendre comment vieillit un Bandol du domaine, il faut le comparer aux 2014, qui sont de vraies merveilles en ce moment ! Dans La Migoua, cette année, pas de dimension solaire des grenaches qui complètent les mourvèdres, donc un millésime que j’aime bien pour la cuvée. Il m'arrive parfois de la bouder, quand je sens que les degrés sont montés un peu vite. Elle offre un corps séveux, épicé, avec ce même prisme sauvage de son fruité, qui rappelle une traversée du maquis ! Dans La Tourtine, on retrouve sa majesté : quelle classe, quelle définition, quelle allonge. On est clairement pas encore dans la frange «bonheur» de ce magnifique flacon car c’est beaucoup trop tôt mais diable que c’est bien construit ! Ne la manquez surtout pas ! Enfin, car il y a un “enfin” : Cabassaou, totalement au-dessus de la mêlée cette année, deux ou trois étages au-dessus de La Tourtine. Un raffinement qui touche, une ampleur de folie et une allonge qui met les papilles en mode «alerte générale !». Là, c’est Bandol niveau «Grand Cru» et peu de cuvées peuvent s’aligner à ses côtés ! Une quille de légende !
Bon, à l’heure où un Chambertin vaut plus de 800€, la question que tout amateur de vin (ceux qui les boivent) doit avoir en tête est : “où sont les grands terroirs de garde qui offrent encore des rapports prix-plaisir évidents ?” Mathieu et moi sommes totalement d’accord à ce sujet : Bandol, Châteauneuf, l’Alsace, la Loire ou même Cahors où, autour de 30-50€, le terrain de jeu est totalement magique ! Si vous avez une belle cave et que Tempier fait partie pour vous, comme pour nous, des fondations de l’excellence du rapport prix-plaisir, alors foncez. Vous rigolerez dans 10 ans en disant à vos amis avoir payé ces merveilles en pleine crise d’inflation pour une bouchée de pain !